Un jour…

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Un jour,  il y a bien longtemps, j’étais une très belle jeune fille.

J’avais surtout une magnifique et opulente chevelure aux reflets mordorés.

Je pouvais, telle une crinière, secouer cette masse de boucles  en piaffant tel un cheval bai !

Je m’en faisais des chignons torsadés, des catogans.

J’y piquais des fleurs de Jacaranda…

Langoureusement, sensuellement je les caressais .

Je rêvais qu’un amoureux me les caresse aussi, qu’il y laisse courir ses lèvres…

“PIC” de douceurs incendiaires !

J’ai voulu nous surprendre dans le miroir, le Rêve s’est Brisé…


Je suis MOI avec les cheveux raides comme des baguettes de tambour ainsi que me le disait ma maman.

- Pauvre petit chat gris, petit chat…

Chatte grisonnante.

Colette, décembre 2011

Vous ne rêvez pas, ce petit bijou de mots qui nous parle de cheveux et de chatte est bien le billet que m’a envoyé Colette !

Avec deux t et un grand C, mais elle n’est pas Bourguignonne mais Bretonne…

Une Colette qui depuis quelques mois m’offre ses commentaires, une Colette qui n’a pas de blog, une Colette qui a poussé la porte ici venant de chez Patrick, le photographe  de Deux mains Dix doigts !

J’ai beaucoup de chance car elle a osé m’envoyer son souvenir imaginaire…

Colette, ici pas de clé, tu peux revenir quand tu le voudras, nous t’attendons !

Merci encore, je mets la boite dorée, même s’il n’y a pas de lien derrière :)

Je vous embrasse tous très fort, à dans quelques jours pour la suite, et oui encore quatre billets de vous et le cinquième sera le mien !

Jamais rien sans amour et sans humour…

 

Première photo, référence en passant la souris.

La seconde est un gif de Lillian Gish, une des magnifiques comédiennes du muet…

- A -

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La poudreuse fuit, horizontale, traversière. Nul autre obstacle que les minuscules boursouflures de glace invisibles sous le flux. Des arrêtes de gel dont la présence est trahie par la course zigzagante du talc céleste. Au fluide blanc se mêlent des cristaux arrachés à la peau du grand manteau. Ils harcèlent le cuir de mes godasses en grésillant. En cortège sonore: la cacophonie des bruits: le grésil sur mes lunettes teintées, la furie du vent qui secoue mes vêtements, et par dedans mes poumons qui sifflent et la raucité de ma gorge qui expire un air resté glacé. Je me déplace d’un pas régulier, à vitesse mesurée, afin de trouver refuge avant la nuit qui mange les trois quart d’un jour. Pas trop rapidement non plus pour éviter la transpiration qui gèlerait sous mes vêtements. « Un kilomètre à pied, ça use les souliers »; je murmure, fermé, pour chasser le mauvais œil, lentement aussi, pour freiner la cadence du pas. Se forcer à rester calme, surtout éviter de courir. Ne pas perdre le Nord. Facile, je nage au milieu.

Là, à vingt pas, un igloo; impossible. Je devrais faire plus attention. Être attentif, c’est cela, il faudrait mieux se concentrer sur la réalité de l’environnement. Il s’agit pourtant bien d’un igloo, mais ce qui demeure impossible, c’est sa taille. Les dimensions sont énormes pour ce genre de construction. Fébrilement, j’en effectue le tour en comptant de grands pas. Voilà, voilà, j’arrive et je rejoins mes premières marques qui bientôt s’effacent sous le cristal. J’ai compté quarante sept enjambées bien allongées. A la grosse louche une cinquantaine de mètres de diamètre divisés par 3,14. Cet igloo est vraiment énorme. Au moins une quinzaine de mètres de diamètre. Sa hauteur doit avoisiner les dix mètres. Rigoureusement irréalisable. Le poids des blocs de neige devrait entraîner l’effondrement de l’œuvre.

Curieusement, je n’ai aperçu aucun tunnel d’entrée. Et pour cause, le double battant d’une grande porte de brique de glace s’ouvre sur la fête qui bat son plein à l’intérieur. On me crie de ne pas rester dans le blizzard glacé, que je vais attraper la mort. Les portes se ressoudent derrière moi. Quelqu’un ôte mon capuchon, un autre mon bonnet, mes lunettes, mon manteau. Une femme essuie mon visage de ses mains. Elles sont douces. Elle me dit « attends ». Elle revient avec du vin chaud dans une bolée de terre cuite vernissée. Le vin sent divinement bon, parfumé à la cannelle. Le bol me réchauffe les mains, le vin l’œsophage. Je lui dis « c’est Noël ».

-Tu ne me reconnais pas? Tu m’as offert un verre de vin chaud après une ballade en forêt, de nuit. Nous étions une vingtaine, des jeunes. Nous nous étions perdus. Plusieurs filles pleuraient. Les garçons se taisaient. La neige avait traversé les branches nues des arbres. Tu nous as fait déblayer le sol. Nous avons ramassé du bois mort. Tu as allumé un feu d’enfer, si je puis dire, hi hi. Tu nous as fait chanter, tu as raconté quelques vannes idiotes. Nous nous sommes calmés. Nous avons repris un improbable chemin dans l’obscurité. Par chance nous avons retrouvé la longère que nous avions louée pour le réveillon du nouvel an. Nous nous y sommes engouffrés, éreintés. Cette nuit là, personne n’a mangé, la fatigue. Mais nous avons un peu trop bu, moins à cause du réveillon que pour briser nos peurs rétrospectives. Tu te rappelles de moi?

-Je me rappelle de toi. Mais il y a plus de trente ans; quel est ton prénom?

-Je te donne la première lettre, regarde, sur ma bague, mais c’est sans importance à présent. Et celui-là qui danse frénétiquement au milieu de la piste, te rappelles-tu de lui? Tu lui as sauvé la vie mais tu l’ignores. Il voulait mettre fin à ses jours sur les rails du chemin de fer. Le dix heures vingt-cinq a pris du retard. Cela lui a donné ce temps de réflexion. Il est retourné boire un verre au café du village pour se consoler auprès de ses copains. Ils n’ont pas su.

-Cela ne me dit absolument rien.

Non, bien sûr, mais ce jour là, tu as causé ce retard de train en te faisant expulser par un contrôleur à la gare précédente. Un problème de titre de transport non oblitéré.

-Comme quoi !

-Ainsi va la vie. Tu vois le disc-jockey? Tu l’as tuyauté pour un boulot. Il n’a pas aimé mais il te remercie quand même.

-Mais pour quelle raison ce rassemblement dans la froidure du cercle arctique?

-Mais pour te remercier, simplement. Tu allais mourir de froid. Nous nous sommes donc rassemblés pour te réchauffer. Vois ce petit monde qui s’amuse, parle, rit et danse autour de toi. Au cours de ta vie, tu as rencontré chacune de ces personnes, à un moment ou à un autre. En le décidant ou non, à chacune tu as apporté quelque chose qui a changé le cours de son existence. Tu les as toutes aidées; du moins c’était souvent ton but. Et si ce ne l’était pas, ce sont les battements de tes ailes de papillon qui ont modifié leur tracé, vers une étincelle. J’ai donc proposé de t’aider. Ils ont tous accepté de te donner un coup de main, avec beaucoup d’enthousiasme, je te l’assure.

-Mais comment pouviez-vous deviner que mon cheminement passerait par cet igloo aux allures de cathédrale ?

-Voyons, tu ne penses tout de même pas que tout est réel dans ce paysage ?

Elle me présente à toutes les personnes de cette étrange soirée, puis elle me regarde dans les yeux de son beau regard améthyste et prononce ces simples mots: « dors à présent ».

Le lendemain, je me réveille allongé dans mon sac de couchage, à l’abri dans ma tente iso thermique. J’ai bien récupéré de la veille. Je repense à ce songe étrange, tellement prégnant. Le vent a vidé son sac, le ciel est blanc.

Je replie bagage et me mets en route. Je fais dix pas et ramasse l’objet posé à même la neige. Il s’agit de la bolée de terre cuite de mon rêve. Un petit objet brille au fond. Une bague en or blanc surmontée de la lettre A.

Mais comment s’appelait-elle?

Jaleph, décembre 2011

J’ai la mémoire qui flanche, je ne me souviens plus très bien, ça me fait penser à une chanson de Jeanne !

Mais là, c’est de la mémoire de Jaleph dont il est question :)

J’ai découvert cet auteur fougueux et enthousiaste avec le Blog des Millions de mots de Lise et lorsque Jaleph m’a écrit et envoyé son texte, j’ai sauté sur ma chaise !

Quel beau cadeau pour commencer l’année, merci à toi…

Je crois à la mémoire de l’eau, et je suis sûre que la neige doit se souvenir aussi…

Pour retrouver Jaleph et sa ronde des mots, un petit clique sur la boite aux souvenirs secrets !

Je ne vous laisse pas seul, mais avec la bien mystérieuse ” A”…

Je vous souhaite une belle journée, encore et encore une bien belle année et je vous embrasse !



Souvenir de l’enfant que je fus…

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Je suis de la famille de Cadou.

Famille de villages enclos dans leur vallée d’enfance.

On pousse dans des cours d’école.

On frémit de se reconnaître à la première page du Grand Meaulnes.

On connaît la tristesse douce des tilleuls, à l’ombre du jeudi, princes désenchantés d’un royaume d’enfance abandonné.

On est de ce royaume là comme on est d’un pays fragile et de passage : les gestes s’y ressemblent et les enfants s’en vont…

Philippe Delerm

La Cinquième saison

*

Encore un cadeau reçu à déguster avec les yeux !

Un souvenir ” imaginé”, celui d’un talentueux Photographe, un Petit Prince prénommé Mathias…

Après une Princesse, Anne-Laure le 27 décembre, normal qu’un Prince débarque ici.

De quoi abandonner mes idées républicaines :)

Pour faire connaissance avec Mathias, un petit clic sur la boite à souvenirs.

Rendez-vous dans deux jours avec le souvenir d’un autre lecteur, une histoire fraîche et floconneuse…

Je vous embrasse très fort !


La petite blanchisseuse de Corbeille

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Grand-ma

Tes mains tachetées et fragiles me manquent, Grand-ma.

Douces et fermes à la fois, elles caressaient les cheveux de ton petit fils, il y a un peu plus d’un mois maintenant, machinalement, comme tu l’avais toujours fait.

Sur ton lit d’hôpital, les yeux fermés, plongée dans tes rêves, tes mots s’échappaient de tes lèvres, pleins de voyages et de fêtes tandis que tes mains frêles frottaient dans un geste lent, mécanique et précis un pli de ton drap, blanc et sans qualité, un drapé trop fin que tu n’aimais pas et que tu cherchais parfois à enlever dans des gestes désespérés.

Ce geste simple lent et consciencieux que tu affectionnais, ce frottement léger entre ton pouce et ton index, te permettait d’évaluer la qualité du tissu.

Et d’année en année, tu te plaignais, et tu rageais.

Le coton de mauvaise qualité, des dentelles mécaniques et des plastiques, t’ont donné du fil à retordre.

Loin était le temps où tu frottais les chemises de ton père, des chemises en coton épais résistant à l’eau chaude et au savon, il était fier; fier de cette fille qui prenait soin de son apparence, car il aimait s’habiller le dimanche, pas pour aller à la messe, juste pour se sentir bien, propre avec son col amidonné haussant son ostensible cou puissant.

Il a fallu qu’il traverse la seine, ton mari, pour te cueillir.

Tu étais belle et tu l’es restée, la vieillesse n’a qu’habillé ta peau de petits plis gracieux. Ça, tu ne les aimais pas les plis, tu les chassais, avec ton obstination et ton fer, de sa chemise, à lui, le steward voyageur sur les longs courriers, lui qui a vu en toi la blanchisseuse de sa vie.

Il a été gentil un temps et puis, plus trop, et dangereux pour toi à la fin. Mais son linge est resté impeccable jusque dans sa dernière demeure, c’est même toi qui repassas sa dernière tenue mettant un point d’honneur à qu’il soit impeccable même dans la mort.

Et puis il y a eu ton fils, celui dont tu étais si satisfaite de la réussite, de son statut social et  jusqu’au bout il t’a tenu ta main.

L’aimer et le choyer, tu l’as fait, à ta façon et parfois maladroitement, te rendant essentiel en t’occupant soigneusement de son linge lui qui n’en avait que faire, lui qui savait que ta raison devait passer par là, par ça, par ce lave-linge et cette table à repasser.

C’était pour toi une manière d’être encore à ses côtés dans son quotidien. Lui, il t’a laissé devenir sa blanchisseuse, car il savait tout cela, que chaque manche et col de ces chemises était une marque de ton affection malhabile. Même marié, même divorcé, même accompagné, il te donnait ses vêtements, pour t’occuper, pour que tu ne dépérisses, pour que tu lui dises un je t’aime à ton pli.

La maison est vide, il n’y a plus de linges à laver ni à repasser, le fer ne fait plus de bruit depuis que ton petit fils à repassé sa chemise. Il est présentable maintenant face à toi.

Tu pars et la blanchisseuse avec,  emportant ses petits secrets, ses astuces.

Merci à toi Grand-ma.

Porthos, décembre 2011


Merci à toi Daïdou,

tes mots vont j’en suis sûre grimper jusqu’au étoiles, faire sourire Grand-ma, et l’émouvoir aussi…

La blanchisseuse de Lautrec, c’est un peu elle  n’est ce pas…



Pas imaginaire que ce souvenir là, mais une pensée précieuse…

Sous la boite, le blog de Daïdou


Beaucoup de cadeaux, et ce n’est pas fini…

Je vous embrasse tous très fort et à dimanche




L’Ange de l’étoile du matin

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L’Ange de l’étoile du matin

descendit en son jardin

et s’approchant d’Elle :


“Viens lui dit-il, je te montrerai

les beaux vallons et les bois secrets

où vivent encore, en d’autres rêves,

les esprits subtils de la terre”.


Elle étendit le bras et rit,

regardant entre ses cils

l’Ange en flamme dans le soleil,

et le suivit en silence.


Et l’Ange, tandis qu’ils allaient

vers les ombreux bosquets,

l’enlaçait, et posait

dans ses clairs cheveux plus longs que ses ailes,

des fleurs qu’il cueillait

aux branches au-dessus d’Elle.


Charles Van Lerberghe

*

Le cadeau reçu d’un souvenir imaginaire, cette belle photo d’Anne-Laure K !

Je lui ai glissé un poème avec l’espoir qu’il lui plaira…

*

Le vendredi 23 décembre, une petite Gabrielle est venue agrandir la famille de Sco’, blogueuse et écrivaine d’aventures policières !

Petit bout de ta maman, je t’offre ce billet…

*

Un grand merci à Anne-Laure, talentueuse Princesse charmeuse d’images et de lumière !

Pour la retrouver, un petit clique sur la boite à souvenirs…


Belle journée à vous tous, je vous embrasse !


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