Comment parler d’elle…

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Oui, comment vous parler de quelqu’un que certains d’entre vous ne connaissent pas peut-être…
Pas facile de trouver les mots justes pour vous dire qu’il eu été bon de la découvrir, de la lire et de l’aimer.

J’ai pleuré avec elle, j’ai souri quelques fois…
Et puis je me suis effondrée le 17 décembre 1982 parce que partir à 21 ans, s’endormir pour toujours, ce n’est pas une injustice c’est pire.
Penser à cet âge que la vie ne vaut pas la peine d’être vécu est surement un héritage, celui d’une enfance loupée, dépouillée d’amour, vidée de tout son sens…

Ne pas être désirée, ne pas être aimée est bien pire que de ne pas être comprise…

Elle était pourtant comme les autres cette petite fille brune, mais voilà autour d’elle le monde était sourd…
Et ses cris ne seront pas entendus, alors pour se faire comprendre elle ne mangera plus !
Punition pour ses treize ans, quatre mois dans un hôpital psychiatrique …
Les années 70, où liberté pour les uns, rime avec incompréhension pour les autres !

A sa sortie, une envie… De vivre, un peu… Avec l’école du cirque d’Annie Fratellini !
Juste avant, le théâtre… Comédienne, non plus…
Sa voie, sa voix plutôt, l’écriture…
Un premier livre, Laisse pleurer la pluie sur tes yeux… Refusé par les éditeurs mais qui sera heureusement publié mais seulement après son décès.

Si je vous dis « Le pavillon des enfants fous »…
Je suis persuadée que ce titre vous dit quelque chose…
Le récit de son enfermement, de son anorexie.

Ce livre fut un véritable succès littéraire !

Et en 78, la jeune fille va être l’invitée de B Pivot et de son Apostrophe…
J’étais devant la télévision ce soir là, elle venait présenter son second livre, un roman « Malika ou un jour comme tous les autres »…
En 1981, son deuxième roman « Obsession blanche » et là je n’ai pas compris…
Moins de succès, roman parait-il difficile d’accès !
Je l’ai lu en 1981 et depuis je ne cesse de le lire…

Difficile d’accès, ces mots me font bien rire et me hérisse en même temps !
Je ne vois pas en quoi ce livre qui raconte les difficultés d’un homme à écrire son deuxième roman serait un livre difficile à lire, à comprendre !
J’aime son titre, j’aime ce livre par-dessus tout….

Alors pour vous qui ne connaissait pas encore cette jeune fille, je vous mets ce petit, tout petit lien… ICI et cliquez sur premier roman…
Attendez une minute et vous la verrez devant Pivot parler pendant quelques petits instants….
L’Ina fait payer ses archives…

Et puis ce lien  ICI et ICI
Celui d’un homme Térence que j’ai découvert seulement samedi soir et qui a fait un magnifique travail sur Elle, alors allez vite le lire…

Il existe une biographie que je vous déconseille, même si elle a été préfacée par PPDA…

Par contre, Christian de Bartillat son éditeur à publié après son décès plusieurs romans inédits.

Laisse pleurer la pluie sur tes yeux
Véra, magnificia Love et pages diverses
La station des désespérés ou les couleurs de la mort
Eléonore

Quelques petits extraits que j’ai choisis tirés d’OBSESSION BLANCHE

« Il regarde cette lueur d’infini qui se profile sur son horizon noir, d’un noir où rien en s’inscrit. Sans comprendre, il observe cette surface plane et vide qui lui crie pour toute réponse l’angoisse et la solitude.
Mourir, vivre, blanc, néant… Les mots me mêlent et l’évidence peut à peu se fige sur la feuille blanche ; « les mots n’ont plus de sens ».
On peut les déformer, les inverser, les imbriquer les uns dans les autres, ils ne cesseront plus de répéter d’une seule voix et d’un seul cri le même sentiment, le même espoir et la même finitude, mots vidés de toute cohérence, bribes éparses…
Rien. Silence. Désespoir. Silence et désespoir.

….. La première phrase. La plus importante. Toutes les autres dépendent d’elle, toutes les autres devront l’expliquer et l’approfondir. Il rejette la tête en arrière, se mord les lèvres, cherche désespérément, croise les mots puis les décroise, mot abstraits qui n’ont d’autre sens que celui de son angoisse. Que doit exprimer cette première phrase, que doit-elle sous-entendre, évoquer, découvrir ? Les premiers mots doivent le fasciner, l’entraîner, l’égarer loin de sa réalité, les premiers mots…Mais où sont-ils ?

Le réveil tictaque. Une heure. Une heure qu’il regarde, immobile et inquiet, cette première page d’un chef –d’œuvre imaginé. Le bruit régulier scande le refrain imperturbable de son obsession, coups secs et martelés : « tu ne t’a-rrê-te-ras pas une se-con-de, tu ne per-dras pas un ins-tant… »
L’histoire sans histoire repasse sur le blanc de la feuille. Quelle est la suite, quelle en sera la fin, c’est sans importance, « il faut écrire ».

Et celle qu’il faut lire c’est Valérie Valère qui mérite de continuer sa vie seule avec ses mots, mais avec nous…

Je dédie justement ces quelques mots de Valérie à tous ceux qui hier, aujourd’hui ou demain se sont sentis ou se sentiront obsédé par le blanc de leur feuille, de leur écran…
Je voudrais leur dire qu’ils ne s’inquiètent pas, qu’ils prennent leur mal en patience, que nous les attendrons le temps qu’il faudra pour que leur page blanche s’étoffe de la couleur des mots…

Je vous souhaite une belle semaine  et je vous embrasse !

 




12 Responses to “Comment parler d’elle…”

  1. 14 141 Says:

    Je ne connaissais pas. Je vais y regarder de plus prêt. Bises

  2. esquisse Says:

    bonsoir Zélie,je suis vraiment triste de ne pouvoir alligner quelques mots ,sur cet auteur afin de partager ce gout que tu as si affiné sur certains auteurs…j’aimerai tellement me plonger dans un livre,mais un probleme chez moi,m’oblige a rester souvent coller sur la premiere page!!!bien souvent j’essaie d’en retirer quelques bribes de sentiments et des mouchoirs parfumes a cet “ode rose”,mais je suis tellement heureux quand quelqu’un comme toi en parle,et m’offre avec sensibilité,ses essences extraites directement de cet ecrin de douceurs qu’on appelle coeur, donne moi encore ton emotion Zélie,elle m’apporte bien plus que certaines pages!

    A bientot,je te laisse une de mes plumes,envole moi dans cet univers

    Esquisse

  3. Jeanne Says:

    je me souviens très bien de cette jeune fille
    tu as raison de rappeller la réalité des années 70 , liberté pour certains , mais enfermement abusif pour d’autres
    j’ai fréquenté les hopitaux psychiatriques à cette époque là , c’était terrifiant , des mouroirs…
    Les choses changent peu à peu , mais pas assez à mon gout , on apprend à dépister les troubles , on cherche à les gérer c’est parfois trop tard

    c’est un sujet qui me touche beaucoup

    merci
    bises

  4. Armando Says:

    Je vous avoue que si le titre « Le pavillon des enfants fous » me dit vaguement quelque chose, je méconnaissais complètement cet auteure.
    Je suis troublé et touché par votre récit (plaidoyer) et l’envie me vient de découvrir ses textes rapidement.
    Merci

  5. Zélie Says:

    @ 14 141 Rebonjour… Pour le moment, je te déconseille de la lire…
    Je ne veux plus te voir triste… Tu passes de mauvais moment, réveille plutôt ton esprit avec des livres plus joyeux….
    Je croise les doigts pour samedi… Je t’embrasse très fort…

    @ESQUISSE Le livre de Valérie, Obsession blanche pourrait bien te convenir, toi qui écrits ! Mais un jour essaie, pour ceux là ou pour d’autres.. Après tu ne pourras plus les quitter, les livres !
    Merci, et Gros bisous et surtout bonne fin d’après-midi…

    @JEANNE C’est vrai une époque de tous les excès, bon ou mauvais…
    Je suis heureuse que tu te souviennes de Valérie, et peut-être que ta grande fille connaît…. Je me souviens même de son passage chez Pivot …
    Merci, je t’embrasse très fort….

    @ARMANDO Bienvenue et merci de votre passage… Je suis ce matin, lorsque j’ai découvert votre commentaire, passée chez vous ! Et j’ai beaucoup apprécié votre poésie et le choix de vos musiques aussi…. Quelle belle langue que le portugais… Je suis amoureuse de la musique brésilienne et j’ai découvert chez vous un bien beau texte que vous avez traduit de Vinicius de Moraes…. Et puis Amalia Rodriguez aussi….
    Je vais revenir m’imprégniez à nouveau de tout cela… Merci….

  6. deef Says:

    Ce nom me disait vaguement quelque chose — en 82, j’avais à peine 15 ans et sans doute d’autres préoccupations en tête — mais tu m’as rafraîchi la mémoire. Tragique destin. Il faudra que je me procure Laisse pleurer la pluie sur tes yeux, j’adore ce titre.

  7. Zélie Says:

    @DEEF COUCOU ! Et oui tu étais jeune, remarque moi aussi ! Et bien sur comme beaucoup de jeunes filles ou femmes je m’identifiais un peu à elle…. Je crois que je vais quand même dépenser des sous :) pour avoir l’enregistrement complet de ce fameux Apostrophe, c’est la seule trace télévisée d’elle… Il y a bien une interview de Chancel, mais là aucune chance d’y avoir accés !
    J’imagine souvent, si elle avait vécu, tout ce qu’elle aurait écrit encore… Un véritable talent…. Unique….
    Je suis heureuse de l’avoir fait découvrir si tu savais !!!
    Je viens de répondre à un com sur un billet de novembre , sur Herbert Pagani, et là aussi un témoignage d’une personne
    l’ayant connu… Et qui à découvert le billet aujourd’hui… Voilà, le plaisir des blogs….

    Bisous et bon week-end à toi !

    Surtout ne lis pas la fameuse bio, nul de chez nul !

  8. ElleN Says:

    Mon Dieu j’avais complètement oublié, tu as le don de nous faire revivre (pourvu qu’on soit un peu de la même génération bien sur) des êtres qui ont compté dans le ciné, la littérature..
    j’avais dévoré le pavillon et je me souviens qu’une copine m’avait prêté malika ensuite.
    Merci pour le nostalgie ! Ca me fait tout drôle de revoir les couvertures des bouquins.

  9. Zélie Says:

    @ElleN Question de générations sans doute :) Samedi dernier j’ai fait du rangement dans mes bibliothèques et bien sur il y avait des livres de V Valère et je me suis souvenue, et j’ai eu envie de relire Obsession blanche… Et je me suis demandée si chez mes lecteurs certains la connaissait ou pas… Je suis heureuse de voir que oui ! Pour les autres, heureuses de leur avoir fait découvrir ! Continuer à la lire, pour ne pas oublier surtout qu’en plus, quelle écriture, si jeune !
    Merci et belle journée à vous !

  10. Servanne Says:

    Très beau billet vraiment, j’aime votre narration, et petit rappel sur l’histoire de cette jeune fille …

    Au plaisir

  11. Zélie Says:

    @SERVANNE Bienvenue et aussi désolée de répondre aussi tard… Un peu dépassée en ce moment, mais je vais reprendre mon rythme !
    Je suis passée chez vous, quelle belle écriture et j’ai aussi découvert votre autre blog, de décoration….
    Merci à vous et à bientôt, chez vous cette fois ci !
    Belle journée !

  12. Fractale Says:

    Mille merci de rappeler à notre souvenir Valérie…

    Je ne suis pas de sa génération, je suis née le 17 décembre 1982 et cette date n´est pas la raison de l´intéret que je lui porte.

    Erreur immense: avoir revendu chez gibert mes exemplaires d´Eleonore, Laisse pleurer la pluie sur tes yeux, Malika et Vera (pour les deux derniers c´est moins grave il sont encore trouvables, mais les autres… je m´en mords les lèvres…)

    Bien à vous

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